Il y a quelques semaines, deux de nos collaborateurs ont assisté aux TEDx de Rennes 2019 afin de rapporter de l’information et de la réflexion à toute l’équipe. Les TEDx, ce sont des conférences de 18 minutes maximum sur des sujets très variés (sociaux, environnementaux, scientifiques, artistiques…) extrêmement bien préparées et construites pour nous faire réagir. Initiative américaine à la base, des conférences TEDx se sont créées partout en France et en français, les rendant accessibles à tous, filmées et mises en ligne gratuitement sur YouTube : les vidéos des TEDx Rennes 2019.
Les conférences TEDx Rennes qui nous ont marqué
Attention, toutes les conférences TEDx de Rennes 2019 étaient d’une excellente qualité mais nous avons voulu vous livrer uniquement ce qui a trait à notre métier ou notre démarche environnementale ou aux sujets humains qui nous intéressent.
Sociétés traditionnelles : une inspiration pour les sociétés modernes – Corto Fajal
Corto Fajal est un réalisateur de films documentaires qui a passé un an sur l’île de Tikopia dans l’archipel des Salomon en Mélanésie. Il raconte comment cette micro-société vit en harmonie avec son île. Lorsque l’un des jeunes de l’île a voulu devenir médecin (le tout 1er de l’île), son père a pensé créer une épicerie (la toute 1ère de l’île) pour financer ses études et pour régler certaines pénuries d’eau et de nourriture liées à l’augmentation des cyclones dans cette partie du monde. L’île était très excitée à cette idée mais a finalement refusé cette opportunité car les avantages à court terme étaient moins importants que les désavantages à long terme : introduire l’argent sur l’île, créer des inégalités, ne plus se nourrir uniquement grâce à l’île.
Corto Fajal continue son raisonnement jusqu’à aborder les monnaies locales et les micro-systèmes d’échanges, des systèmes où tous les « temps » peuvent être rémunérés : le temps de travail mais aussi le temps donné pour transmettre un savoir, pour développer sa culture, pour aider sa famille, et même pour avoir des loisirs. Sur l’île de Tikopia, on a pas des droits de propriété sur tel ou tel terrain, ressource, personne, on en a l’usage et de cet usage découlent des devoirs pour qu’ils restent utilisables par tous, pour les transmettre intacts. Dans cette logique, chacun peut être affecté par la négligence d’un seul. A l’inverse, dans nos sociétés dites « modernes », on assiste à une course à l’appropriation et à l’immédiateté où l’homme serait au-dessus de son écosystème, détaché et sans devoirs.
Le réalisateur en conclut que l’on tourne en rond et que nos mythes fondateurs s’essoufflent. Nous devons nous renouveler en nous inspirant des « peuples racines », ne serait-ce que pour remettre en question les piliers de notre société abordés dans cette conférence : la place des femmes, le droit de propriété par rapport au droit d’usage, la valeur du temps, le rapport à la nature, l’équilibre entre une vision court terme et long terme…
Les leçons de vivre ensemble d’un animal plante – Xavier Bailly
Chercheur à l’institut de biologie marine de Roscoff, Xavier Bailly nous parle du ver de Roscoff qu’on trouve dans le sable des plages de Roscoff. Ces vers ne se nourrissent pas. Jeunes, ils ingèrent des micro-algues mais ne les digèrent pas. Ces micro-algues vont proliférer jusqu’à s’installer dans tout le corps et les rendre verts. Ce sont ces micro-algues qui vont, par photosynthèse, leur fournir de l’énergie et des nutriments et recycler leurs déchets métaboliques. C’est une photosymbiose, une plante-animal ou un « animalgue » comme le chercheur préfère le nommer. Le ver de Roscoff est un super ver : il résiste au soleil (ses rayons), il peut régénérer son cerveau (une fois coupé, il repousse !) et il peut contrôler sa multiplication cellulaire.
Outre les implications de ce ver sur la recherche médicale, Xavier Bailly nous parle de son rêve d’utiliser le modèle du ver de Roscoff pour créer un système de vie autonome pour les voyages spatiaux (produire de l’oxygène, éliminer le CO², utiliser les déchets métaboliques des astronautes, voire se nourrir avec certaines des micro-algues qui sont comestibles). Pour conclure, le chercheur a développé un kit pédagogique pour faire connaître le ver de Roscoff dans les écoles et du grand public. Un ver qui fait rêver, non ?
Un pacte finance climat européen pour lutter contre le réchauffement – Jean Jouzel
Jean Jouzel est géophysicien, ancien directeur du Commissariat à l’énergie atomique, récompensé par les médailles Milankovitch et Revelle, membre du Conseil Economique Social et Environnemental (CESE) depuis 2011. Il commence par évoquer le programme lunaire américain des années 1970s et compare la complexité de se poser sur la Lune à la complexité de lutter contre le réchauffement climatique aujourd’hui. Il rappelle à juste titre que la planète, elle, s’en remettra, et que c’est notre humanité que nous essayons de sauver. « Ce que nous ferons ou ne ferons pas dans les 10 prochaines années décidera largement de l’évolution de notre climat. Le constat est clair et les solutions bien identifiées : mais aurons-nous la volonté et les moyens de les mettre en oeuvre. »
Le constat : le CO² en hausse (à cause de l’activité humaine depuis 200 ans) emprisonne le rayonnement solaire réfléchi par le sol, créant un effet de serre qui réchauffe l’atmosphère mais aussi l’océan. L’océan se dilate, les glaciers et les calottes polaires fondent, augmentent le niveau de la mer. Les événements extrêmes s’intensifient : vagues de chaleur, inondations, sécheresses, cyclones. Il faut donc prendre au sérieux ce que les climatologues annoncent pour 2050. « Pour le milieu du siècle, tout est joué […] mais quel climat connaîtrons les jeunes quand ils auront mon âge ? » Ces conditions climatiques dépendront de ce que nous allons faire pour nos enfants dans les 10 prochaines années. Il est important de comprendre que tous les événements négatifs (migration climatique, etc.) toucheront en premier les pays pauvres et accroîtront les inégalités alors que ces pays contribuent en général assez peu à la mise à mal de la planète. Il y aura donc des injustices climatiques, non seulement dans ses effets mais aussi dans les moyens mis en oeuvre pour les gérer ou reconstruire ensuite.
Où en sommes-nous ? L’accord de Paris nous emmène vers une augmentation de 3°, ce qui est encore beaucoup trop élevé puisqu’il faudrait diviser par 2 les émissions carbone d’ici 2030 et atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 pour atteindre un réchauffement maximum de 1,5° que nous pourrions peut-être gérer. L’objectif de neutralité carbone est inscrit dans notre loi de transition énergétique. Les ressorts à mettre en oeuvre sont bien connus : bâtiments et urbanisme, mobilité, gestion des déchets, énergie, alimentation et agriculture, efficacité et sobriété énergétique. Tous les secteurs et les états sont concernés, et nous-mêmes citoyens. Il faut aussi mettre les moyens et investir, la cour européenne des comptes chiffre l’effort financier en milliards chaque année et la BCE a déjà mis à disposition entre 2014 et 2017 2500 milliards d’euros pour les banques et les entreprises. De là est venue l’idée du pacte finance climat européen qui reposerait sur 3 piliers :
- la création d’une banque pour le climat et la biodiversité, probablement filiale de la BCE, dont le rôle serait d’accorder des prêts à taux privilégié pour la mise en place d’actions pour réaliser la transition énergétique
- la création d’un fonds dédié à la lutte pour le climat en Europe et dans le monde (notamment pour la recherche), financé par une taxe sur les grandes entreprises et générateur de 900 000 emplois rien qu’en France
- un traité européen pour le climat
Jean Jouzel dit qu’il est bien conscient que moins de 2 degrés c’est loin d’être gagné, que l’Europe n’émet que 10% des émissions CO² mondiales et que de grands pays comme la Chine, les Etats-Unis, la Russie, le Brésil ou l’Australie « traînent des pieds ». Mais réussir cette transition est une formidable opportunité pour notre communauté et nos jeunes (innovation, emploi, économie…). Cela paraît infaisable et pourtant, en 1969, après seulement 10 ans de recherche, l’homme posait le pied sur la Lune. Nous en sommes capables.
Plastic Odyssey – Simon Bernard
Ce jeune homme était programmé aux TEDx de Rennes 2019 mais la vidéo n’étant pas disponible, nous avons choisi de vous mettre son intervention lors du Convergences World Forum 2017. Son projet est définitivement celui qui nous fait le plus vibrer par rapport à notre démarche de revalorisation des smartphones car le plastique est une partie importante des mobiles. De plus, ces plastiques ne sont pas « faciles », tous différents, certains contiennent des produits toxiques comme du brome (retardateur de flammes). On ne peut donc pas simplement les faire fondre et en faire autre chose.
Plastic Odyssey, c’est d’abord le constat que le déchet plastique, quel qu’il soit, peut être considéré comme une ressource et qu’on peut le recycler de plein de manières différentes. Des centaines de solutions existent mais elles sont souvent peu connues ou pas tout à fait adaptées aux états ou personnes qui voudraient les utiliser si elles les connaissaient : bouteilles transformées en briques de maison en Afrique, par exemple. Avec 5 autres passionnés ingénieurs, designers… Simon Bernard a décidé de faire connaître ces solutions et de les adapter sous licence libre de droits afin que tous puissent les utiliser. Et pour démontrer leur faisabilité, il a pour projet de créer un bateau atelier qui récupérera le plastique de différentes villes côtières et le transformera directement à son bord, y compris en carburant pour les faire avancer (1 Kg de plastique peut être transformé en presque 1L de carburant). Départ prévu en 2020 pour une expédition de 3 ans !
C’est ce projet qui nous motive et que nous suivons de près, tous nos voeux les accompagnent et nous ne manquerons pas de vous en reparler sur ce blog. N’hésitez pas à aller visiter le site de Plastic Odyssey !
Pourquoi on vous raconte les TEDx Rennes 2019 ?
Déjà parce que tout le monde devrait savoir que les conférences TEDx existent et pas seulement aux Etats-Unis. Assister à un TEDx est un vrai moment de plaisir pour le cerveau, qu’on soit d’accord ou pas avec l’intervenant, cela fait réfléchir. Deuxièmement parce que notre équipe de techs et de collaborateurs est une équipe de CURIEUX, nous les recrutons d’ailleurs de plus en plus sur ce critère : être capable de trouver de l’information, de faire de la veille, de s’en nourrir pour avoir des idées servant notre démarche humaine et environnementale. Enfin et surtout, parce que ces projets et ces sujets méritent d’avoir plus d’écho que les quelques centaines de participants et de vues que les vidéos des conférences récoltent depuis une semaine alors parlez-en, s’il vous plaît, faites-les connaître, envoyez-les par mail à vos collègues. Réfléchir, c’est bon pour la planète !
La playlist complète des TEDx Rennes 2019
Le site regroupant toutes les vidéos TEDx du monde